Artannes-sur-Indre (37260) - Église Saint-Maurice : Présentation et Cloches.
- Le Sonneur des Carillons
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- 11 déc.
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours
La commune
Aujourd'hui nous prenons la direction d'une charmante bourgade de la vallée de l'Indre, située au sud-ouest de la métropole tourangelle. Concernant son toponyme, il pourrait provenir du gaulois "Art-enna", signifiant "propriété d'Artos" (de l’Ours). Au VIᵉ siècle, Venance Fortunat, noble Italien née vers 540, cite la localité sous le nom d'Artanna. Peuplée d'environ 2780 Artannaises et Artannais, la commune possède un patrimoine architectural très intéressant comme le moulin de Balzac, la mairie, quelques lavoirs, manoirs, et châteaux, dont celui des Archevêques caché derrière l'église.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l'histoire du village, je vous invite à cliquer ici.
L'église Saint-Maurice
À l'emplacement de la bâtisse actuelle, une église dédiée à Saint-Gabriel est fondée par l'évêque Grégoire de Tours au VIᵉ siècle et détruite au IXᵉ par les envahisseurs normands.
Construit sur un sol humide et marécageux, le nouvel édifice dont les plus anciennes parties remontent au XIᵉ siècle est placé sous le vocable du saint patron de la première cathédrale de Tours. Vers la fin du XIIᵉ, le transept et le clocher sont élevés. Au siècle suivant, le chœur primitif est remplacé par un chevet plat à trois travées, deux cents ans plus tard, la chapelle de la Vierge est ajoutée au flanc nord. Au XVIᵉ, la charpente et les baies de la nef sont reprises, des contreforts sont rajoutés sur cette dernière, de nouvelles voûtes sont créées pour le transept et le chœur, et une sacristie fut construite sur le flanc sud. Plus tard, au XIXᵉ, des remaniements sont entrepris : reconstructions de la façade ouest afin de la renforcer, des voûtes du transept nord et de la chapelle contiguë à celle de la Vierge, ouverture de deux nouvelles baies sur la nef et bien d'autres. En 1948, l'église est classée à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques à l'exception de la façade. Les années s'écoulent et les travaux se succèdent : remise en état des vitraux anciens par l'entreprise GUILLOT de Tours, dont celui du martyre de Saint-Maurice, remplacement de la cloche fêlée, réfection de la couverture de la flèche foudroyée le 7 aout 1994, restaurations de la façade, des toitures et du vitrail de Saint-Étienne et Saint-Maurice.
Plus récemment, la municipalité a offert au monument une nouvelle cure de jouvence bien méritée.
La montée au beffroi commence par un petit escalier en bois menant aux combles, puis il nous faut franchir une porte accédant à l'étage inférieur du clocher. On y trouve de discrètes fresques possiblement datées des XIIᵉ-XIIIᵉ siècles et une échelle de meunier permettant d'atteindre notre but.
L'horloge
Selon un inventaire mené par Christian PELLETIER et Joël RENOU, le clocher hébergeait, jusqu'en 1998, un mécanisme datée du milieu du XVIIIᵉ siècle par Guy du CHAZEAU, Conservateur des Objets d'Art du Département. Lors d'une visite effectuée un an plus tôt, ce dernier recommanda de le faire descendre à cause de son armoire vétuste le laissant exposée aux volatiles et aux caprices de la météo. Autrefois, sa conception lui permettait de sonner uniquement les heures. Chaque année ou presque, pendant le XIXᵉ siècle, des dépenses sont faites pour son entretien. Un cadran en tôle sera ajouté vraisemblablement à cette période sur la face nord du clocher et retiré en 2017.
À partir de 1956, pour un coût de 515 000 F, une nouvelle horloge LUSSAULT placée à la mairie prendra le relai jusqu'en 1995. En 2018, elle sera magnifiquement restaurée, remise en fonction et inaugurée en 2025 dans le hall de la médiathèque en présence d'une quarantaine de personnes. Des photos sont à la fin de l'article.
Les cloches
Avant de parler de l'ensemble campanaire actuel, revenons dans le passé. Le 12 aout 1686 eut lieu la bénédiction de deux cloches par le chanoine prébendé de l'Église de Tours, Louys de Casas de STURBE. L'une est placée sous l'invocation de Saint-Maurice par Jacques LEFEBVRE, conseiller du roi, juge, magistrat à Tours et seigneur des Robinières, et Jeanne CHARLES, femme d'un certain Pierre TURQUANTIN, avocat au parlement et trésorier de la Boissière, l'autre est dédiée à Saint-Urbain et Saint-Nicolas par Dominique CHICOINEAU (1654 - 1719), seigneur de la Mothe et Renée CHAVANNE, épouse de Michel CHICOINEAU, frère du parrain.
En 1742, un document signé C. MAUCLERC, curé, atteste de l'existence d'une cloche nommée Maurice par Louise CHICOISNEAU de la Bruère, et Noël-Vincent JAHAN (1695 - 1751), seigneur de la Galaisière.
Quelques années plus tard, en 1754, deux nouvelles sont coulées et bénies avec l'autorisation de Monseigneur Henry-Marie-Bernardin de ROSSET DE FLEURY, archevêque de Tours et seigneur baron d'Artannes, qui donna le nom de Marie à la plus grande. Celle-ci succède à une précédente datant de 1738 et portant le même nom. La petite est appelée Urbain sous le parrainage de Mathurin-François MOREAU, curé de la paroisse de 1750 à 1787 et de cette même Madame CHICOISNEAU, qui par sa générosité a donné 100 livres pour l'augmenter en bronze afin de l'accorder avec les deux autres.
Seule Marie échappera à la Révolution et sera classée monument historique en 1942.
Les années s'écoulent et en 1960, des travaux sont à entreprendre : remplacement du joug et du battant. Cinq ans plus tard, le maire sollicite le conseil municipal pour la refondre suite à une fêlure.
En 1966, elle sera descendue par la société BODET, nettoyée et placée sur un baptistère en pierre dans le bras sud du transept pour un coût de 3 450 F. Cette même année, une campane provenant d'Algérie sera fournie et installée pour un montant de 3 494 F. Il est probable qu'elle fut posée le dimanche après Pâques, soit le 17 avril. Un don de 3 668 F fait par les habitants a servi à compenser la dépense occasionnée pour son achat et a été versé au percepteur de Montbazon par les soins du curé. Un an plus tard, une subvention de 561 F a été proposée par le Conservateur Régional des Monuments de France.
Découvrons l'histoire de cette dernière. Sortie en 1923 des ateliers vosgiens de Georges FARNIER, elle prendra la direction d'Affreville en Algérie pour résonner dans le clocher de l'église Saint-Isidore. D'ailleurs, il s'agit de la seule cloche de ce fondeur à avoir été expédiée dans ce secteur entre juin 1919 et décembre 1928. Répondant au nom de France, elle fut parrainée par Laurence JOURDAN et Joachim DELANOË. Aujourd'hui, la ville porte le nom de Khemis Miliana.
Une autre prénommée Algérie était présente à ses côtés, celle-ci trouva refuge au campanile de l'église Saint-Guen de Vannes dans le Morbihan.
Pour en revenir à Artannes, lors des récents travaux, le beffroi fut renforcé et les équipements de la cloche changés (joug, corde et battant).
Découvrez-les dans le reportage et l'inventaire ci-dessous.
Le Reportage
La Cloche 1 (déposée et classée M-H le 11 juillet 1942)
Nom de Baptême : Marie, Fondue en 1754 par ?, Note et Octave : La 3, Poids: 350 kg (?), Diamètre: 850 mm (?).
Inscriptions | Décors |
- + IAY ETE NOMMEE PAR MONSEIGNEVR HENRI MARIE BERNARDIN DE ROSSET DE FLEVRY ARCHEVEQVE - ☛ DE TOVRS CONSEILLER DV ROY EN TOVS SES CONSEILS ET SEIGNEVR BARON DARTHANNE EN 1754 - IACQVES HAQVIN ET FRANCOIS BOVTTAR FABRICIENS - Crucifix, face nord-ouest : INRI | - Anses : simples. - Cerveau : trois filets. - Haut de la robe : plusieurs filets. - Face nord-ouest : crucifix. - Face sud-est : représentation de la Vierge à l'enfant. - Bas de la robe : cinq filets. - Panse : trois filets. |
Note : sur certains mots, les lettres I et V se lisent J et U.
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La Cloche 2
Nom de Baptême : France, Fondue en 1923 par Georges FARNIER à Robécourt (88), Note et Octave : Si bémol 3, Poids fourni : 325 kg, Poids calculé : ~322 kg, Diamètre : 825 mm.
Inscriptions | Décors |
- (décor) + FILLE DE LA GENEROSITE DES PAROISSIENS D'AFFREVILLE JE SUIS NEE EN 1923 JE M'APPELLE FRANCE (décor) - (décor) J'AI EU POUR PARRAIN : JOACHIM DELANOE POUR MARRAINE : LAURENCE JOURDAN (décor) - (décor) JE LOUE DIEU J'APPELLE LES VIVANTS JE PLEURE LES MORTS VIVE LE CHRIST QUI AIME LES FRANCS (décor) - S-C de Jésus, face nord-est : FIDES CARITAS - IN HOC SIGNO VINCES (Foi, Charité, par ce signe, tu vaincras). - Crucifix, face nord-est : INRI - Jeanne d'Arc, face sud-ouest : JEANNE D'ARC - Saint-Pierre, face est : ST PIERRE - Cartouche, bas de la robe, face nord-est : GEORGES FARNIER FONDEUR A ROBÉCOURT (VOSGES) | - Anses : simples. - Cerveau : plusieurs palmettes. - Haut de la robe : une frise végétale au-dessus et en dessous des inscriptions et le Sacré-Cœur de Jésus sur la face nord-est. - Face nord-est : crucifix. - Face sud-ouest : représentation de Jeanne d'Arc. - Face nord : représentation de la Vierge. - Face est : représentation de Saint-Pierre. - Bas de la robe : trois filets et plusieurs croix de consécration. - Panse : une frise végétale. |
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Les poids de cette cloche a été calculés via le diamètre et l'épaisseur avec une marge d'erreur de 3%.
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L'horloge de la mairie
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Un grand merci à...
La mairie d'Artannes-sur-Indre et sa secrétaire.
Madame Isabelle DELACÔTE, maire de la commune, pour son autorisation d'accéder au clocher.
Monsieur Patrice CROQUET, responsable des Services Techniques, pour son chaleureux accueil et l'ouverture des portes du clocher.
Monsieur Christian PELLETIER, secrétaire de l'Association des Amis du Patrimoine Artannais et relai paroissial, pour l'autorisation de sonner la cloche et pour la transmission de documents sur l'histoire campanaire de l'église.
Sources :
- Cloche
- « Horloge de l’église Saint Maurice d’Artannes-sur-Indre » de Christian PELLETIER.
- « Histoire de Cloches » (relevé des registres des délibérations du Conseil Municipal) par J. COLLIN.
- AD37-RP Artannes, relevé Catherine BAS, mai 2004.
- BSAT XVII p. 125 relevé par Liliane VOISINE, CGDT 125.
- « LE PATRIMOINE DES COMMUNES D'INDRE-ET-LOIRE », Éditions FLOHIC, Paris, 2001.
- « DE CLOCHES EN CLOCHERS, Paysages de Touraine » de Catherine BAS-DUSSEAULX, Collection CENTRE DE GÉNÉALOGIQUE DE TOURAINE.
- Relevé personnels.
- Sources personnels.
Article rédigé par Le Sonneur des Carillons/Découvertes Campanaires en Val de Loire - 2025.
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