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  • Photo du rédacteurLe Sonneur des Carillons

Cléré-les-Pins (37340) - Église Notre-Dame : Présentation et Cloches.


"Découverte des premières cloches "BOLLÉE du Mans" répèrtoriées en Touraine."


La Commune

Pour ce premier article de l'année 2024, c'est à Cléré-les-Pins que nous nous rendons pour découvrir le patrimoine campanaire de l'église Notre-Dame.

Cette jolie petite commune est située au nord-ouest de l'Indre-et-Loire, entourée des villes de Mazières-de-Touraine, Saint-Symphorien-les-Ponceaux, Ambillou, Pernay et Cinq-Mars-la-Pile, deux communes déjà découvertes sur le plan campanaire.

Revenons un peu sur l'histoire du village : nous n'avons que très peu de traces de l'air préhistorique, mais la présence de l'homme était certaine sur les terrains des communes voisines, des silex ont été retrouvés.

Autres témoins de la préhistoire, il s'agit du Tumulus de la Roche.

Toujours dans l'histoire et sur le plan patrimoine, nous retrouvons une grosse pierre percée d'alvéoles naturelles, elle est appelée "le pas de Saint-Brice". Une des légendes qui entourent cette roche raconte qu'un trou serait l'empreinte du pied de Saint-Brice, trace de son passage lors de l'évangélisation du pays. Cette dernière aurait été vénérée par les païens et dotée d'histoires par les premiers chrétiens.

l'Étymologie du nom de Cléré commence avec une charte de 1237 par une trace du nom de Claere dans un document appartenant à l'abbaye de Beaumont-lès-Tours. Les modifications du nom s'enchaineront au fil des siècles : aux XIII et XIVe siècles, le village prendra le nom de "Villa de Claero Ouclare". Au XVIIe, ce sera Cléré-les-Bois, puis au XVIIIe, ce sera juste Cléré et pour finir par Cléré-les-Pins en 1936. L'origine du nom vient de la racine Gauloise de Clar puis en latin Clarus : clair a donné clairière, mais une autre hypothèse raconte que le nom viendrait de Clarius, un riche propriétaire gallo-romain.

La chatellenie de Cléré dépendait de l'archevêché de Tours. En 1213, elle appartenait à Geoffroy Godeschal, chevalier-banneret, puis en 1248-85, elle a appartenu à Hardouin baron de Maillé.

Quand le roi venait pour la première fois au château de Langeais, les habitants de Cléré étaient soumis à donner un botteau de paille de seigle. Au XVIe siècle, cette redevance fut convertie en rente de deux livres de cire payable le jour de la Saint-Maurice.

Aujourd'hui, Cléré-les-Pins est un charmant village dynamique peuplé d'un peu plus de 1400 Clérençoises et Clérençois. Sur le plan patrimoine, nous y retrouvons, le fameux château de Champchevrier construit au XVIe siècle, le manoir du XVIe de la Chetardière, la gentilhommière du XIXe siècle de la Fresnaye, l'Hotellerie Saint-Louis du XVIIe siècle, la jolie petite mairie et son campanile avec sa cloche et l'église Notre-Dame construite à plusieurs époques.


L'église Notre-Dame

Les origines de l'église Notre-Dame de Cléré-les-Pins remontent aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, elle fut pour une part reconstruite au XIXe siècle, le chœur en cul de four et le clocher sont d'origine, mais la nef et les deux collatéraux furent construits en 1868. L'édifice appartenait au chapitre de la cathédrale de Tours, aux mêmes titres que les églises des Essards (37), Langeais (37) et Souvigné (37). Elle faisait partie de la paroisse de la Bienheureuse Catherine Tekawita appartenant au diocèse de Tours.

En 1636, on fit construire une des chapelles consacrées à Saint-Jacques par Jacques. GOUSSELIN sieur de la Bonardière et conseiller du roi (hameau des Cormiers, proche de Cléré, placé sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle).

Les stalles placées dans le chœur de l'église datent de 1773.

À la fin du XVIIIe siècle, un petit cimetière entouré de murs était placé devant la grande porte d'entrée, il fut rasé lors de la construction de la grande maison servant d'école et de mairie en 1848.

Dès 1790, les comptes rendus des délibérations font état d'un grand besoin de restaurer l'église.

Au cours de plusieurs décennies, sous les régimes successifs, la Révolution, le consulat, les deux empereurs, plusieurs rois et la République, le conseil municipal réclama le droit d'une taxe afin de récolter des dons pour la restauration de l'église.

En 1805, le commissaire expert chargé d'examiner les cimetières et temples détermine bel et bien que l'église est en mauvais état.

En 1867, le maire donnait connaissance du décret du 28 septembre 1866 de l'empereur Napoléon III donnant l'autorisation au conseil municipal d'emprunter la somme de 17 000 francs pour redonner une nouvelle vie à l'église.

On fit appel à l'architecte Robert. DAVIAU pour la restauration et l'agrandissement de l'église, c'est donc sur ses plans qu'en 1868 fut construite la nouvelle nef, sur quatre travées et dans un style néo-roman. Le portail ancien, ses colonnettes et chapiteaux ont été conservés. Les deux chapelles latérales sont dédiées à la Vierge Marie et à Saint-Joseph.

Le chœur en cul de four est percé par cinq baies romanes dans lesquelles sont placés des vitraux, celui du centre fut réalisé par l'atelier de Léopold LOBIN maitre verrier à Tours. Dans la nef, deux vitraux représentent l'apparition de la Vierge à Bernadette. SOUBIROUS, l'autre, est dédié à Saint-Louis. Quatre autres présentent les prénoms et dates de mariage des quatre filles du baron ÉRASME du château de Champchevrier avec les armoiries de la famille et celles de leurs époux.

L'église possède deux statues en pierre ; l'une représente Saint-Catherine d'Alexandrie et la Vierge Marie portant l'enfant Jésus dans un linge.

En 1945 et 1962, la commune demande l'inscription du clocher et du chœur à l'inventaire des Monuments Historiques.

Le clocher est constitué d'une charpente de bois entièrement recouverte d'ardoises, la base carrée où se trouvent les cloches est simplement percée de deux lucarnes sur trois faces, elle est surmontée d'une très haute flèche qui a la particularité de pencher vers l'ouest. Autour des années 80, le maire Gustave. TULASNE fait examiner la charpente du clocher, on s'est aperçu que la base ouest de la flèche était pourrie, l'usure du bois l'avait fait pencher, ce n'était pas une volonté de l'architecte de l'avoir construite ainsi.

Dans les années 60, la couverture d'ardoises fut refaite, l'église ravalée et les vitraux restaurés dans les années 90.

L'accès au clocher se fait très simplement, mais il est à la fois étroit. Pour commencer, il commence par l'ouverture d'une porte située à l'extérieur de l'église. Derrière se trouve une grande échelle en bois qui nous emmène directement aux cloches. Juste avant d'accéder au beffroi, il reste un passage, comme dit juste avant, étroit. Il faut passer entre les poutres en bois soutenant le clocher. Une fois franchies, les cloches s'offrent à nous.



Les Cloches

Maintenant passons aux cloches. La sonnerie est aujourd'hui constituée de deux cloches montées sur un beffroi sur deux travées et balançant dans le sens est-ouest, la petite se trouve dans la travée sud et bien-sûr, la grande au nord. Un document à l'église mentionne l'existence d'une sonnerie avant l'installation des deux cloches au XIXe siècle, il s'agissait d'un ensemble campanaire pré-révolutionnaire de quatre cloches qui aurait été bénit le 2 octobre 1731, la période révolutionnaire étant passées par là, trois d'entre elles furent malheureusement emportées en 1793 pour être fondues en canons ou en pièces de monnaies, nous ne savons pas ce qu'est devenu la quatrième.

Afin de pouvoir fournir à nouveau le clocher de l'église, on fit appel à la fonderie d'un certain Ernest. BOLLÉE qui avait établi ses ateliers dans la cité Plantagenêt du Mans dans la Sarthe, cet homme venant de Haute-Marne avait commencé à fondre des cloches avec son grand frère, Jean-Baptiste-Amédée, grande tradition dans la famille depuis plusieurs générations, les deux frères avaient notamment fondu quelques cloches pour l'Indre-et-Loire, comme une pour la collégiale de Faye-la-Vineuse dans le sud-Touraine et pour l'église de Saint-Hippolyte près de Loches. Revenons à Cléré-les-Pins, on fit passer auprès de la fonderie mancelle une commande de deux cloches en tierce majeure. Voici une brève présentation de chacune.

Autre chose, l'inventaire des biens immobilier datant de 1905 mentionne l'existence d'une horloge mécanique à un seul cadran, malheureusemnt lors de la visite, le mécanisme n'y était plus.

Commençons par la grande, celle-ci fut nommée "Marie-Elisabeth" par sa marraine du nom d'Elisabeth de LOIZE, baronne au château de Champchevrier, une propriété placée sur le canton de Cléré-les-Pins et par son parrain du nom d'Henry comte d'Héliand. Elle fut bénite avec sa petite soeur par le curé de Cléré, monsieur BASTARD.

Nous pouvons reconnaître que c'est Ernest. BOLLÉE qui a réalisé la cloche, car sa signature dit "FONDERIE DE BOLLEE AU MANS", mais également au pied du crucifix qui décore la robe de l'airain deux macarons, représentant les deux médailles d'argents qu'a reçus l'homme aux expositions du Mans et de Tours en 1839 et 1842. Les Clérençois(e)s peuvent entendre la cloche tous les jours pour la prière de l'Angélus. Pesant environ 449 kg, elle émet la note du La bémol 3.

Terminons par la petite cloche, elle prit le nom de sa marraine du nom de Louise-Marie-Julie. CONTADES, également baronne au château de Champchevrier, donc nommée "Louise-Marie-Julie", son parrain fut le baron du château, monsieur René DE LA RUE.

Le fondeur réalisa les mêmes décors que sur la grande cloche, seul change la disposition des macarons d'expositions, la frise végétale au dessus des inscriptions et sa signature, il est seulement marqué "BOLLEE FONDEUR". Pesant environ 173 kg, elle donne la note Do4.

La cloche peut se faire entendre tous les jours pour les tintements des 3x3 coups avant la volée de l'Angélus. Aucune sonnerie horaire ne se fait sur les cloches de l'église, elles sont assurées par la cloche située dans le clocheton au-dessus de la mairie, fondue aussi par BOLLÉE probablement au Mans.

Pour en savoir plus sur les inscriptions, rendez-vous dans l'inventaire sous le reportage vidéo.



Le Reportage


La Cloche 1

Nom de Baptême : "Marie-Élisabeth", Fondue par en 1843 Ernest. BOLLÉE au Mans (72), Note et Octave : Lab3, Poids: ~449 kg, Diamètre: 927 mm.

Inscriptions

Décors

- L AN 1843 J AI ETE BENITE POUR L EGLISE DE CLERE PAR MR R BASTARD CURE ET NOMMEE MARIE

- ☛ ELISABETH PAR MR HENRY COMTE D HELIAND CHER DE ST LOUIS PARRAIN ET DME ELISABETH DE LOIZE

- ☛ BARONNE DE CHAMPCHEVRIER MAIRRAINE

- FONDERIE DE BOLLEE AU MANS

- Macarons de gauche : 1839 EXPOSITION DE TOURS MEDAILLE D'ARGENT BOLLEE

- Macarons de droite : 1842 EXPOSITION DU MANS GRANDE MEDAILLE D'ARGENT BOLLEE

-Anses : Simple.

-Cerveau : 3 filets.

-Haut des inscriptions : frise végétale.

-Bas des inscriptions : frise décorative en forme de rideau avec cornes d  'abondance, blé, grappes de raisins, feuilles de vignes, angelots, bibles et autres objets liturgique et inscriptions  : IHS.

-Face Ouest : Représentation d'un crucifix entouré des macarons Bollée avec inscrpition du fondeur.

-Face Est : Représentation d'une Vierge à l'enfant.

-Bas de la Robe : 1 serie de 3 filets, 1 filet, frise végétale.

-Panse : 2 filets et une pinse.



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La Cloche 2

Nom de Baptême : "Louise-Marie-Julie", Fondue en 1843 par Ernest. BOLLÉE au Mans (72), Note et Octave : Do4, Poids: ~173 kg, Diamètre: 681 mm.

Inscriptions

Décors

- L AN 1843 J AI ETE BENITE POUR L EGLISE DE CLERE PAR MR R BASTARD CURE ET NOMMEE

- ☛ LOUISE MARIE JULIE PAR MR RENE DE LA RUE BARON DE CHAMPCHEVRIER PARRAIN ET

- ☛ DAME L M JULIE DE CONTADES BARONNE DE CHAMPCHEVRIER MARRAINE

- BOLLEE FONDEUR

- Macarons de gauche : 1839 EXPOSITION DE TOURS MEDAILLE D'ARGENT BOLLEE

- Macarons de droite : 1842 EXPOSITION DU MANS GRANDE MEDAILLE D'ARGENT BOLLEE

​-Anses : Simple.

-Cerveau : 3 filets.

-Haut de la robe. : frise végétale.

-Bas des inscriptions : frise décorative en forme de rideau avec cornes d  'abondance, blé, grappes de raisins, feuilles de vignes, angelots, bibles et autres objets liturgique et inscriptions  : IHS.

-Face Ouest : Représentation d'un crucifix entouré des macarons de la fonderie Bollée.

-Face Est : Représentation d'une Vierge à l'enfant.

-Bas de la Robe : 3 filets, puis frise végétale et 3 filets.

-Panse : 2 filets et une pinse.



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Les poids des cloches ont été calculés via le diamètre et l'épaisseur avec une marge d'erreur de 3%.





Remerciement

- Je tiens à remercier la mairie de Cléré-les-Pins pour son chaleureux accueil le jour de l'intervention ainsi que pour le prêt des clés d'accès au clocher de l'église et de la sacrisitie afin d'accéder au tableau de commande des cloches.

- Je remercie aussi monsieur Benoît. BAROT maire de la commune pour les autorisations d'accéder au clocher de l'église Notre-Dame et de mise en volée des cloches pour la réalisation du reportage vidéo.



Sources :

- Relevé photographique personnels.

- Sources personnels.



Article rédigé par Le Sonneur des Carillons/Découvertes Campanaire en Val de Loire - 2024.


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