Saint-Épain (37800) - Église Saint-Épain : Présentation et Cloches.

La Commune

Pour ce nouvel article, nous nous rendons au sud-ouest de la Touraine pour découvrir l'ensemble campanaire de l'église de Saint-Épain.

Implanté sur une voie gallo-romaine, le bourg se nommait au VIIIe siècle Brigogalus. Ce nom pouvait se traduire par "endroit fortifié". Au XIe siècle, il prendra le nom du martyr Épain.

Fils de Maure, Épain fut converti et baptisé avec sa mère et ses huit frères par Saint-Martin vers l'an 390. Issu du peuple Wisigoth, il refuse de renier son baptême et fut décapité au lieu-dit de Theillé où s'élève aujourd'hui une chapelle du XIXe siècle.

Aujourd'hui, la commune est peuplée d'un peu moins de 1500 Saint-Épinoises et Saint-Épinois.

Sur le plan patrimonial, Saint-Épain possède quelques monuments intéressants comme ses nombreux moulins, son église classée, les ruines du château de Montgoger avec son parc, le viaduc de Besnault, la chapelle troglodytique Notre-Dame de Lorette, la chapelle de Theillé, les maisons anciennes du bourg, le porche de la Prévôté, vestige de l'enceinte fortifiée reconstruite au XVe siècle, le lavoir et autres sites sur la vallée de Courtineau.

Pour découvrir l'histoire complète de la commune, cliquez sur ce lien : Histoire_Saint_Epain.pdf

L'église Saint-Épain

L'église est dédiée à Saint-Épain, mais également à Saint-François de Paule, second patron de la paroisse.

Au VIIIe siècle, le bourg possédait deux églises, la première dédiée à Saint-Martial et Saint-Martin, la seconde à Saint-Épain.

Vers 1120, débute la reconstruction de l'église Saint-Épain devenue trop petite.

Cet édifice se compose d'une longue nef, couverte d'une charpente en bois traditionnelle avec un clocher. L'abside semi-circulaire est flanquée de colonnes faisant office de contreforts et de trois fenêtres aujourd'hui murées, mais que l'on aperçoit derrière les statues de Saint-Pierre et Saint-Paul.

Quelques années plus tard, on entreprend la construction d'un clocher en pierre et l'agrandissement de l'église en créant un transept au niveau de la coupole, puis vers 1150, on se décide à voûter la nef.

Au début du XIIIe siècle, le premier clocher est remplacé par le clocher actuel. Cette tour massive se compose d'une base rectangulaire en pierre surmontée d'une flèche en charpente recouverte d'ardoises. Pour renforcer son assise, on élargit les quatre piliers et on ajoute une travée à chaque transept.

Vers 1500, on abat les bras des deux transepts pour en reconstruire deux plus longs et mieux éclairés par de grandes baies de style gothique. Le portail décoré, composé de portes jumelles, en anses de panier, est ajouté sur la façade sud.

Vers 1550, on agrandit l'église en construisant une seconde nef, parallèle à la première et dans le prolongement du croisillon nord. Ces deux nouvelles travées communiquent avec la nef principale par des arcades en plein cintre ornées de rosaces, de losanges et de niches. Une jolie porte à pilastre style Renaissance placée sur la façade ouest sera murée par la suite.

Vers 1856 et 1870, une restauration de l'église est réalisée par les architectes Gustave et Charles GUÉRIN, père et fils. Le portail sud est remanié, les dallages en pierre sont remplacés par du ciment et un grattage fait disparaître des murs les traces et les indices nécessaires à l'archéologue pour retracer l'histoire du monument.

En 1859, la sacristie est érigée.

En 1902, on restaure la façade sud-ouest du transept.

En 2022, le bras sud du transept et l'abside sont rénovés.

Les vitraux ont été en grande partie réalisés par l'atelier LOBIN, célèbres maîtres verriers tourangeaux de la seconde moitié du XIXe siècle.

Les stalles et les fonts baptismaux datent du XVIe siècle.

Le maître-autel et l'autel de Saint-Épain ont été consacrés le 15 février 1898.

L'autel de la Sainte-Vierge est beaucoup plus ancien. Il a été restauré en 1858 suite à de grosses dégradations provoquées par le mauvais état de la toiture.

L'autel en bois dédié à Notre-Dame de Bon Conseil a été érigé à une date inconnue.

L'accès au clocher se fait par la tourelle octogonale accolée au bras sud du transept. À l'intérieur, un escalier en colimaçon mène aux combles. Un petit plancher nous emmène directement à la base de la tour, où nous pouvons observer une demi-roue de volée et l'armoire en bois dans laquelle logeait l'horloge mécanique. Une échelle reste à gravir pour accéder à la chambre des cloches.

Les Cloches

Découvrons l'histoire de l'ensemble campanaire. À Saint-Épain, trois cloches rythment le quotidien des habitants. Toutes datent du XIXe siècle.

Après la disparition de l'ancien ensemble, une nouvelle sonnerie est coulée en 1816 par un certain Thomas HENRY. Fondeur de cloches originaire de Lorraine, Nicolas-Thomas HENRY est né le 5 novembre 1786 à Urville dans les Vosges. Il s'est marié avec la sœur de Nicolas et François PEIGNEY, également fondeurs de cloches. On trouve trace de la collaboration du fondeur avec l'un de ses beaux-frères, Nicolas, à l'église Saint-Martin de Lerné, à l'ouest de la Touraine. HENRY était fondeur itinérant, il se rendait directement au pied des églises pour exercer son métier. Certaines de ses cloches sont encore audibles aujourd'hui, comme à Étriché et Le May-sur-Evre dans le Maine-et-Loire, Coulon dans les Deux-Sèvres ou encore Mouillerons-en-Pareds en Vendée. En 1852, l'homme disparait à l'âge de 65 ans.

Aujourd'hui, à Saint-Épain, il ne reste plus qu'une cloche de l'ancienne sonnerie fondue par HENRY.

Cette dernière datée de 1816 est probablement dédiée à Jésus, Marie et Joseph ou Jésus seul. Elle fut bénite par Charles-Marie-Benoiste MOURRUAU, prêtre desservant de Saint-Épain, en présence du maire de l'époque, Pierre GRANGER. Elles fut parrainée par Bonne-Désirée de CHOISEUL-PRASLIN, comtesse de Grollier (1775 - 1865) et Jacques-Jean vicomte de FOUCAULD (1771 - 1854). Classée M-H depuis 1942, cette cloche émet un Mi3. L'état actuel du noyau ne permet pas sa mise en volée. Un projet de restauration est à l'étude.

Maintenant, intéressons-nous aux deux petites cloches. Coulées en 1871, elles proviennent de la fonderie mancelle des BOLLÉE.

La cloche médiane fut donnée par un certain François AUGER en souvenir de son épouse Victoire-Catherine GRANGER. Elle fut parrainée par Marie-Louise-Léontine GRANGER et C H DESTRE-AGLOPHILE-PARFAIT-TEURPREAU. Nommée "Victoire-Catherine-Françoise", elle chante le Fa#3.

La petite eut comme marraine Marie-Jeanne-Denise ARTHUR DE LA VILLARMOIS et comme parrain Antonin-Marie-Maximilien-Auguste-Alexandre DE LIGNAUD, comte de Lussac. Nommée "Marie-Jeanne", elle chante le Sol#3.

Ces deux cloches furent bénites par l'abbé MALMOUCHE, vicaire général de Tours, en présence de messieurs ARCHAMBAULT et GOURON, curé et maire de l'époque.

Ces trois cloches forment un accord appelé le "Pater-Noster". Chaque dimanche midi, après l'angélus, elles forment un carillon jouant l'Ave Maria de Lourdes.

Découvrez-les dans le reportage vidéo et dans l'inventaire ci-dessous.

Le Reportage

La Cloche 1 (classée M-H depuis 1942)

Noms probables : "Jésus-Maria-Joseph" ou "Jésus", Fondue en 1816 par Thomas HENRY (Nicolas-Thomas ?) à ? (Saint-Épain ?) (37), Note et Octave : Mi3, Poids calculé : ~1083 kg, Diamètre: 1207 mm.

Inscriptions

Décors

- + JESUS MARIA JOSEPH NOUS AVONS ETE FAITES L AN 1816 NOUS AVONS ETE BENITE PAR MR CHARLES MARIE - BENOISTE MOURRUAU PRETRE DESSERVANT DE ST EPAIN LEPARRAIN MONSIEUR JACQUES JEAN VICOMTE DE FOUCAULD - ☛ LA MARRAINE DAME MADAME BONNE DESIREE DE CHOISEUL COMTESSE DE GROLLIER EN PRESENCE DE MR PIERRE GRANGER - ☛ MAIRE - Face Nord : T HENRY FONDEUR - Face Nord, sous la croix latine : NOM... NO . TRE SEIGNEUR IEE SUS . CHRIST - Face Sud, sous un la vierge à l'enfant : STE MERE DE DIEU PRIEZ POUR NOUS.

-Anses : simples. -Haut des inscriptions : 2 filets -Bas des inscriptions : 2 filets, une frise décorative avec motif géométrique et plusieurs frises de formes triangulaires retournées. -Face nord : croix latine sur piédestal décoratif avec inscription et sacré-cœur entourés de 3 fleurs de lys. -Face sud : représentation d'un décor sur plusieurs niveaux, au premier : une vierge à l'enfant. Au second : 3 fleurs de lys. Au troisième : une couronne. -Faces est et ouest : une fleur de lys surmontée d'une frise décorative en forme de triangle. -Bas de la robe : 1 série de 3 filets : 1 petit, 1 gros et 1 petit. 1 seconde série de 5 filets : 2 petits, 1 gros et 2 petits. 1 dernière série de 3 filets : 1 petit, 1 gros et 1 petit. -Panse : 2 séries de 3 filets : 1 petit, 1 gros et 1 petit.

La lettre écrite en orange est à prendre avec des pincettes, nous ne savons pas s'il est correct, nous hésitons entre un E et un L.

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La Cloche 2

Nom : "Victoire-Catherine-Françoise", Fondue en 1871 par BOLLÉE et ses fils au Mans (72), Note et Octave : Fa#3, Poids calculé : ~594 kg, Diamètre: 1004 mm.

Inscriptions

Décors

- J'AI NOM VICTOIRE CATHERINE FRANCOISE L'AN 1871 J'AI ETE DONNEE A L'EGLISE DE ST EPAIN PAR MR FRANCOIS AUGER EN - ☛ SOUVENIR DE DAME VICTOIRE GRANGER SON EPOUSE J'AI EU POUR PARRAIN MR C H DESTRE AGLOPHILE PARFAIT TEURPREAU - ☛ ET POUR MARRAINE DLLE MARIE LOUISE LEONTINE GRANGER . J'AI ETE BAPTISEE PAR MR T E MALMOUCHE VICAIRE GENERAL DE - ☛ TOURS EN PRESENCE DE MR F ARCHAMBAULT CURE ET DE MR GOURON MAIRE - BOLLEE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS

Anses : simples. -Haut des inscriptions : frise végétale puis 2 filets. -Bas des inscriptions : 2 filets puis frise végétale. -Face ouest : représentation d'une vierge. -Face est : croix latine et inscription du fondeur. -Bas de la robe : 3 filets, puis frise végétale, 3 filets et plusieurs croix de consécration. -Panse : 2 filets.

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La Cloche 3

Nom : "Marie-Jeanne", Fondue en 1871 par BOLLÉE et ses fils au Mans (72), Note et Octave : Sol#3, Poids calculé : ~503 kg, Diamètre: 905 mm.

Inscriptions

Décors

- J'AI NOM MARIE JEANNE J'AI ETE BENITE LE JOUR DE LA FETE DE ST EPAIN EN L'AN DE GRACE 1871 PAR MR L'ABBE MALMOUCHE - ☛ VICAIRE GENERAL DE TOURS EN PRESENCE DE MR F . ARCHAMBAULT CURE ET DE MR A GOURON MAIRE DE ST EPAIN J'AI EU POUR PARRAIN - ☛ MR ANTONIN MARIE MAXIMILIEN AUGUSTE ALEXANDRE DE LIGNAUD COMTE DE LUSSAC ET POUR MARRAINE MELLE MARIE JEANNE DENISE ARTHUR - ☛ DE LA VILLARMOIS BONS HABITANTS DE ST EPAIN VENITE ADOREMUS DOMINUM - BOLLEE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS

-Anses : simples. -Haut des inscriptions : frise végétale puis 2 filets. -Bas des inscriptions : 2 filets puis frise végétale. -Face ouest : croix latine et inscription du fondeur. -Face est : représentation d'une vierge. -Bas de la robe : 3 filets puis frise végétale représentant plusieurs feuilles de vignes ainsi que plusieurs grappes de raisins et enfin plusieurs croix de consécration. -Panse : 2 filets.

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Les poids des cloches ont été calculés via le diamètre et l'épaisseur avec une marge d'erreur de 3%.

Un grand merci à...

- Je tiens à remercier chaleureusement la mairie de Saint-Épain pour son accueil le jour de l'intervention.

- Je remercie madame Florence BOULLIER maire de la commune, pour les autorisations d'accéder au clocher de l'église et de mise en volée des cloches pour la réalisation du reportage vidéo.

- Je remercie aussi madame Monique MARCHE, conseillère déléguée à la mairie de Saint-Épain, pour son chaleureux accueil le jour de l'intervention et pour son accompagnement tout au long de la visite.