La Commune
Pour cette nouvelle découverte, c'est avec plaisir que je vous emmène à Courçay, charmante petite bourgade surnommée la Suisse-Tourangelle. Située dans la vallée de l'Indre, au sud-est de Tours, cette commune est peuplée d'environ 800 Courciquoises et Courciquois.
L'origine du nom de Courçay viendrait du moine Curtius. Le village s'est successivement appelé Curtiacus (774), Corceium (XIIe siècle), Courçayum (1267) et Courfay (au XVIIIe siècle, la lettre « f » valait « ss »).
Pour découvrir l'histoire de Courçay, le lien est ici : Histoire du village (courcay.fr)
Sur le plan patrimoine, le village compte quelques monuments intéressants comme l'église Saint-Urbain des XIe et XIIe siècles, les moulins de la Prévôté, de la Doué et de la Thilbaudière, le logis de Châtillon construit au XVe siècle, le manoir de Chemallé ou Chemalé, dont le nom est attesté au IXe siècle, le manoir de la Grande Couture datant du XVIe siècle, le manoir de la Petite Couture possiblement édifié au XVIIIe siècle et la maison des Petits Près, d'inspiration normande et construite au début du XXe siècle.
L'église Saint-Urbain
Au Moyen Âge, Courçay était le siège d’une prévôté et relevait de la collégiale Saint-Martin de Tours.
On trouve traces d'une première église construite entre le VIe et le VIIIe siècle. Le cimetière était installé à distance de l'édifice suivant l'usage romain. De ce bâtiment, il ne reste rien. L'église romane que nous voyons aujourd'hui fut érigée aux XIe et XIIe siècles et modifiée au XVe siècle. Bâtie sur un plan simple, elle mesure environ 18,5 m de long.
Son chœur se compose de deux petites travées et d'une abside en cul de four percée de trois baies en plein cintre. La surélévation de l'église est particulièrement visible sur le chevet où la corniche est soutenue par des modillons. Ces modillons représentent plusieurs motifs profanes en alternant les visages et les éléments naturels et végétaux.
Selon la base Mérimée, les murs de la nef remonteraient dans leur ensemble au XIe siècle. Cette dernière fut reprise au XVe siècle et couverte d'une voûte lambrissée au XVIe siècle. Les baies ont été agrandies au XVIIIe siècle. Certains vitraux de la nef ont été réalisés dans les ateliers de Lucien-Léopold LOBIN, maitre verrier à Tours en 1867, 1872 et 1877. Le vitrail central de l'abside fut créé par les ateliers Van Guy en 1959. Il représente le pape Urbain Iᵉʳ, saint patron de l'église de Courçay.
Le mobilier de l'église se compose d'une cloche bénite en 1533, de fonts baptismaux du XIIe siècle, d'un chemin de croix offert par Napoléon III, de plusieurs statues, dont une vierge à l'enfant du XIVe siècle et d'un grand Christ en croix qui semblerait dater du XVe, il serait même possible qu'il remonterait au XVIIe ou au XVIIIe siècle.
La base du clocher remonterait au XIIe siècle, elle est renforcée par des contreforts et percée de plusieurs trous de boulins, les deux étages supérieurs sont occupés par le beffroi. Chaque face est percée de baies en plein cintre munies d'abat-sons. Construite entièrement en moellons, la flèche date du XVe siècle. Elle donne à l'édifice l'aspect solide et rustique des églises du secteur comme Azay-sur-Cher, Esvres-sur-Indre ou encore Veigné.
Pour accéder au beffroi, il faut savoir faire preuve d'équilibre et ne pas avoir le vertige. Cet accès difficile est uniquement constitué d'échelles. Les deux premières, dont l'une est posée sur une poutre, nous emmènent au premier étage de la tour, puis la troisième, aux combles. Ensuite, il nous faut marcher avec prudence sur la voûte du chœur pour atteindre les deux dernières permettant d'accéder au beffroi. L'une d'elles surmonte le vide.
Les Cloches
Il est enfin temps de passer aux cloches. Aujourd'hui, l'église de Courçay possède deux cloches, une déposée dans l'église et une autre toujours en activité dans le clocher.
Avant de parler de la sonnerie actuelle, revenons légèrement en arrière. Au XVIe siècle, on procèdera à la bénédiction d'une cloche, placée sous l'invocation de Saint-Martin. Cette dernière échappera d'ailleurs aux troubles de la Révolution et sonnera jusqu'à l'apparition d'une fêlure. Suite à ça, elle sera déposée et conservée.
Cette vénérable dame de bronze est aujourd'hui exposée dans la nef de l'église. Grâce à ses inscriptions gothiques, nous pouvons deviner qu'elle fut consacrée en 1533.
L'Inventaire Général du Patrimoine Culturel nous apprend que cette cloche fut vendue à la fonderie de Louis BOLLÉE à Saint-Jean-de-Braye près d'Orléans avant d'être rachetée par l'État au poids du métal afin d'être protégée au titre des Monuments Historiques.
Elle sera accompagnée ou remplacée par une autre cloche aujourd'hui refondue.
Passons à la seconde cloche. Cette dernière est toujours en activité. Elle est audible tous les jours pour les sonneries horaires et les angélus. On apprend grâce à ses inscriptions qu'elle fut refondue en 1937 par les soins du conseil municipal. Cette nouvelle cloche est l'œuvre de Louis BOLLÉE, fils et petit-fils de fondeurs de cloches. Nommée "Maria-Raymonde-Charlotte", elle fut bénite par monseigneur Louis-Joseph GAILLARD, évêque de Tours de 1931 à 1956. Elle fut parrainée par un certain Raymond DE PARÉDÈS et une certaine madame René GORRON. Cette cloche fut automatisée en 2005. Donnant la note Do#4, on évalue son poids à environ 206 kg.
Pour en savoir plus, rendez-vous dans l'inventaire sous la vidéo.
Le Reportage
La Cloche déposée (classée M-H le 21 juin 1937)
Nom : inconnu, Fondeur : inconnu, probablement à Courçay (37), Note et octave :
indéterminable car la cloche est fêlée, possiblement Do4, Poids: ~227 kg, Diamètre: 726 mm.
Inscriptions (à prendre avec des pincettes) | Décors |
- sancte martine ora pro nobis lan MIL VC XXXIII m guillenme billonneau cure deceans et me nommerent - + m macce berlherand pbr et jehan vignon fils de g vion parains estienette fame de j guad - j martineau j rogier procrureus et me batica m g le mangin | - Anses : un visage humain sur chacune des anses. - Haut des inscriptions : 2 filets. - Sous les 2 premières lignes d'inscriptions : 2 filets. - Bas de la robe : 5 filets (les deux premiers sont légèrement éffacés). - Panse : 2 filets. |
Les lettres écrites en orange sont à prendre avec des pincettes.
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La Cloche en place
Nom : "Maria-Raymonde-Charlotte", Refondue en 1937 par Louis. BOLLÉE à Saint-Jean-de-Braye (45), Note et octave : Do#4, Poids: ~206 kg, Diamètre: 704 mm.
Inscriptions | Décors |
- + REFONDUE EN 1937 PAR LES SOINS DU CONSEIL MUNICIPAL : MM . ARRAULT RENE , MAIRE – AVENET FREDERIC & - ☛ SAULQUIN RAYMOND ADJOINTS – LEFEBVRE ALPHONSE , LEFEBVRE RAPHAEL , BICHET HONORE , BERLAND RENE , CHRISTOPHE - PIERRE , DOUARD ADRIEN , CHEVREAU EDOUARD , GUERIN GEORGES , PENICHON JULES CONSEILLERS – MR L'ABBE COURSAULT - DESSERVANT CETTE PAROISSE DE COURCAY , J'AI ETE BENITE PAR MGR GAILLARD - + J'AI EU POUR PARRAIN MR RAYMOND DE PAREDES & POUR MARRAINE MME RENE GORRON . - Sur le bas de la robe, face sud : MARIA RAYMONDE CHARLOTTE - Sur la panse, face sud : LOUIS BOLLEE FONDEUR DE CLOCHES A ORLEANS | - Anses : représentation d'une feuille d'acanthe sur chacune des anses. - Haut des inscriptions : frise végétale et 2 filets. - Bas des inscriptions : 2 filets et une frise végétale. - Face nord : représentation d'une vierge. - Face sud : croix glorieuse. - Face ouest : visage de profil de Jésus-Christ. - Face est : visage de profil féminin. - Bas de la robe : 2 filets, une frise décorative, 2 filets et plusieurs croix de consécrations. - Panse : 2 filets, nom du fondeur et 2 filets (un petit et un gros). |
Les lettres écrites en orange signifient qu'elles sont doublement soulignées.
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Les poids des cloches ont été calculés via le diamètre et l'épaisseur avec une marge d'erreur de 3%.
Un immense merci à...
- La mairie de Courçay pour la prise en charge de ma demande d'accéder au clocher.
- Madame Anne BAYON DE NOYER, maire de la commune, pour les autorisations d'accéder au clocher de l'église et de mise en volée de la cloche pour la réalisation du reportage vidéo.
- La personne des services techniques pour son accueil à l'église et pour l'ouverture de la porte du clocher.
Sources :
- Le livre "DE CLOCHES EN CLOCHERS Paysages de Touraine" écrit par Catherine BAS-DUSSEAULX.
- Relevé photographique personnels.
- Sources personnels.
Article rédigé par Le Sonneur des Carillons/Découvertes Campanaires en Val de Loire - 2024.
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