La Commune
Pour cette découverte, c'est avec Quentin que nous nous rendons sur la commune nouvelle de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray pour visiter les clochers des quatre églises de la ville. Pour débuter, c'est à Daumeray que nous commençons nos inventaires des sonneries.
Située au nord du département du Maine-et-Loire, non loin de la frontière avec la Sarthe et la Mayenne, Daumeray est une commune devenue déléguée de Morannes-sur-Sarthe-Daumeray dès le 1ᵉʳ janvier 2017, avec Morannes et Chemiré-sur-Sarthe.
Les gentilés sont les Daumeréennes et les Daumeréens et sont environ 1510 à peupler la commune.
Sur le plan historique, des objets préhistoriques ont été retrouvés sur le territoire de la commune près du château de la Roche-Jacquelin. À une époque, c'était le centre d'un important domaine gallo-romain. Au Moyen Âge, Daumeray relevait de la baronnerie de Saint-Germain. Au milieu du XVe siècle, l'église appartenait à la famille seigneuriale. Autrefois, Daumeray comprenait deux paroisses, celle de Saint-Germain et celle de Saint-Martin. À chacune, il y avait une église et une chapelle. Saint-Germain possédait la chapelle de Doucé, dédiée à Saint-Étienne et Saint-Martin possédait la chapelle des Mirés, dédiée à Saint-François.
Sur le plan du patrimoine, la commune possède quelques richesses dont le château de la Roche-Jacquelin, le manoir des Vaux, le prieuré Saint-Martin, l'ancienne gendarmerie, la chapelle de Doucé et les deux églises Saint-Martin et Saint-Germain. La sonnerie de Saint-Germain sera à découvrir dans le prochain article.
L'église Saint-Martin
Nous ne savons pas à quelle époque précise l'église fut construite. Cependant, au XIe siècle, entre 1040 et 1047, pour se racheter de ses péchés, le seigneur des lieux fit un don à l'abbaye de Marmoutier à Tours, l'abbé du lieu le soigna après un duel. Dès lors, l'église resta dans la dépendance du prieuré (abbaye) que l'abbé s'empressa d'y attacher. Il faut savoir que l'abbaye de Marmoutier fut fondée par Saint-Martin. Voici la raison pour laquelle l'église de Daumeray fut dédiée à ce saint.
Toutefois, il est à noter qu'elle fut également dédiée à Saint-Éloi, patron de Charlemagne.
La nef du XIe siècle est de style néo-roman et le chœur est de style néo-gothique d'inspiration Plantagenêt. Ces deux styles sont dus à un remaniement qu'a entrepris le curé Chevalier en 1882 et que le chanoine Baron a fini de restaurer. Ce projet de remaniement a réellement commencé en 1881, il a été modifié en 1883 et terminé en 1888. En fait, l'église a été partiellement achevée en 1890.
Ces travaux ont consistés à la restauration du chœur en style néo-gothique, à quelques transformations du transept, de la balustrade et aux piliers de la tribune, à la réfection de la voûte de la nef et au changement de place du clocher.
Le chanoine Eugène Baron, né à Cholet en 1856, fut curé de Daumeray de 1895 à 1933. Dès son arrivée, les augmentations financières de l'église commenceront. Installation de plusieurs mobiliers, dont une horloge mécanique, aux frais de la commune et de la fabrique, de l'électricité en 1918 et de deux cloches en 1923.
La nef du XIe siècle est divisée en sept travées. La façade aux décors très sobres est soutenue par deux contreforts. Son portail possède un tympan sculpté avec une grande croix en son centre. La voûte en plein-cintre est entièrement peinte, on peut y retrouver six représentations de blasons.
Les vitraux du chœur et du transept ont été offerts après la restauration par les nobles de Daumeray.
Placé au sud, le clocher est le point culminant de l'édifice. À sa base, nous pouvons retrouver un très beau crucifix surmonté d'une série de modillons. Le second étage est percé par deux grandes baies néo-romanes. Le troisième étage contient le beffroi et les cloches, il est percé par huit baies équipées d'abat-sons. Tout ceci soutient une flèche pyramidale recouverte d'ardoises, à son sommet culminent la croix et le coq.
Pour accéder au clocher, on se dirige dans le bras sud du transept où se trouve la fameuse porte à franchir, derrière nous pénétrons à la base de la tour. Plusieurs séries d'escaliers nous emmènent directement aux cloches. Pendant notre ascension, nous croisons même l'ancien mécanisme d'horlogerie, toujours installé dans son armoire. Juste au-dessus, nous trouvons le beffroi et ses trois cloches.
L'ancienne horloge
Ce mécanisme est actuellement installé dans son armoire en bois placée sous le beffroi. Elle fut payée par le chanoine Baron et fournie en 1895 par l'entreprise GOURDIN, fabricant d'horloges à Mayet dans le sud-Sarthe. À son installation elle était reliée par un système de tringlerie au marteau de la seconde cloche. Ce mécanisme est aujourd'hui hors service.
Les Cloches
Passons enfin au sujet principal de cet article, aux cloches ! Le clocher de Daumeray héberge aujourd'hui une sonnerie de trois cloches disposées dans un beffroi en bois sur trois niveaux. La découverte fut forte intéressante, car l'ensemble campanaire contient une cloche fondue sous l'ancien régime, c'est-à-dire avant la Révolution de 1789. Quant aux deux autres, beaucoup plus récentes, elles ont été coulées au début du XXe siècle.
Juste avant d'entrer dans les détails et de vous présenter chacune de ces cloches, je souhaiterais revenir dans le passé pour un petit historique des anciennes sonneries que comportait l'église Saint-Martin. Pour commencer, c'est en juillet 1596, au jour de la Visitation de Notre-Dame, que furent bénites deux cloches. La plus imposante, dont le nom était inconnu, pesait environ 1000 livres. La seconde nommée "Anne" pesait approximativement 800 livres.
Plus tard, en 1606, on fit bénir une troisième cloche, plus légère, pesant 412 livres. Un texte nous mentionne qu'elle fut donnée à l'église de "Daumeré".
Continuons notre voyage dans le temps, pour arriver au XVIIIe siècle. Le 31 janvier 1713, une nouvelle cloche fut bénite et nommée par un certain messire Louis Charles le Tacher, chevalier et seigneur d'Allancé et par mademoiselle Suzanne de Broc, dame de la Huinière et d'autres lieux.
Au tome des archives de 1749, on peut découvrir que le 14ᵉ jour de juillet de cette année fut bénie par les prêtres de la paroisse du Pé une cloche de 1200 livres nommée "Martine". Malheureusement, nous n'avons que très peu d'informations sur le destin de cette cloche. Aurait-elle été cassée, refondue, y a-t-il eu un accident, un sinistre ? Chose étonnante, on mentionnera la bénédiction d'une cloche le 11 aout 1755 que l'on prénommera également "Martine". Elle donnera le Fa#3 et pèsera le même poids que la cloche de 1749. Cette cloche existe toujours, elle est l'œuvre de Jean ou Joannes. Tichant, un fondeur originaire de la Lorraine et de François. Breusson. Elle sera la seule à échapper à la saisie des cloches de l'église Saint-Martin par les révolutionnaires.
Elle restera longtemps solitaire dans son clocher, jusqu'à ce que Mgr Rumeaux prenne connaissance des comptes et des budgets de l'église en 1923. En s'étonnant qu'une seule cloche rythmait la vie des paroissiens, il exprimera son vœu d'avoir une sonnerie digne de la paroisse.
C'est alors que deux nouvelles cloches furent coulées par la fonderie orléanaise de Georges et Louis. Bollée, père et fils et descendants d'une grande dynastie de fondeurs de cloches.
Elles ont été bénites par Mgr Rumeaux, évêque d'Angers et par le chanoine Eugène Baron, curé de Daumeray, le 26 aout 1923. Pour entrer dans les détails, la plus grande fut nommée "Clotilde-Eugénie-Marie-Julia-Louise". Sonnant le Mi3, elle pèse environ 814 kg (poids fourni par la paroisse de Durtal). Son parrain fut le maire de l'époque, Daniel Prévost-le-Motheux, qui fut décoré de la médaille du roi des Belges, Albert 1ᵉʳ. Sa marraine fut mademoiselle Marie-Mélanie Baron. Cette cloche est chargée de sonner les heures. La petite, nommée "Marie-Anne-Françoise-Thérèse" est chargée de sonner les angélus. Elle fut parrainée par l'épouse du maire de Daumeray, madame Marie-Berthe Le Dangereux et le vicomte du château de la Roche-Jacquelin, monsieur Jean-Timothée de Blois de la Roche-Jacquelin. Donnant la note Sol#3, elle pèse approximativement 401 kg (poids fourni par la paroisse de Durtal). Elle forme avec les deux autres l'accord musical du Pater-Noster (Mi3 - Fa#3 - Sol#3).
Ces deux cloches furent montées au clocher le 15 septembre suivant.
Le registre des délibérations nous apprend que le 2 décembre 1923, le problème du paiement des deux cloches Bollée n'était toujours pas réglé. Le chanoine Baron fut alors chargé de rassembler l'argent.
Pour en savoir plus, rendez-vous dans l'inventaire sous la vidéo.
Le Reportage
La Cloche 1
Nom de Baptême : "Clotilde-Eugénie-Marie-Julia-Louise", Fondue en 1923 par Georges et Louis. BOLLÉE à Saint-Jean-de-Braye (45), Note et Octave : Mi3, Poids fourni: 814 kg, Diamètre: ??? mm.
Inscriptions | Décors |
- + L'AN DE GRACE 1923 , J'AI ETE BENITE PAR MGR . JOSEPH RUMEAU , EVEQUE D'ANGERS , EN SA 25ME . ANNEE D'ESPISCOPAT. + MR . EUGENE BARON , PRETRE , EN SA 28ME ANNEE DE CURE DE - ☛ DAUMERAY , AYANT POUR VICAIRE MR . EMILE FONTENEAU , CROIX DE GUERRE , M'A DONNEE A DIEU . - + MON PARRAIN MR . DANIEL MARIE PREVOST LE MOTHEUX , MAIRE DE DAUMERAY , DECORE DE LA MEDAILLE DU ROI DES BELGES ALBERT 1ER ; ET MA MARRAINE , MELLE . MARIE MELANIE - BARON , M'ONT NOMMEE CLOTILDE EUGENIE MARIE JULIA LOUISE . - Sous l'effigie de Saint-Martin : ST. MARTIN PATRON DE LA PAROISSE PROTEGEZ LA - Sous le Sacré Coeur de Jésus : SE COE JESUS - Sur la panse : G . ET L . BOLLEE FONDEURS DE CLOCHES A ORLEANS | -Anses : une feuille d'acanthe sur chacune des anses. -Haut des inscriptions : frise décorative et 2 filets. -Bas des inscriptions : 2 filets frise végétale. -Face nord-ouest : effigie d'une vierge à l'enfant. -Face sud-ouest : représentation d'un sacré cœur de Jésus. -Face nord-est : effigie de Saint-Martin. -Face sud-est : croix latine. -Bas de la robe : 2 filets, puis frise végétale, 2 filets et plusieurs croix de consécration. -Panse : une série de 2 filets, inscription avec nom des fondeurs, 1 filet et un autre large filet. |
Les trois lettres écrites en orange signifient qu'elles sont gravées en négatif.
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La Cloche 2 (historique)
Nom de Baptême : "Martine (?)", Fondue en 1755 par François. BREUSSON et Jean. TICHANT, Note et Octave : Fa#3, Poids fourni: kg, Diamètre: ??? mm.
Inscriptions | Décors |
+ MRE CHARLE RICHER DE NEUFVILLE CHEVALLIER SGR DE LA ROCHE IAGVELIN PARAIN DAME FRANCOISE GILLE DE LA BERARDIERE - ☛ VE DE MRE CHARLES DE MONTPLACE MARAINE . ET BENIE PAR MR PIERE BOURDON CURE DE ST GERMAIN . MR MICHEL GAULD . DE LA - ☛ GRANGE CURE DE DAUMERAY . L CRONIER PR . DE FABRIQUE . F BREUSSON I TICHANT MONTS FAITTES LAN 1755 . | -Anses : simples. -Haut des inscriptions : 1 filet, frise décorative avec médaillons, plusieurs petite croix, inscriptions ''IHS'' et représentations végétales puis 1 filet. -Bas des inscriptions : 1 filet, frise végétale et 1 filet. -Face nord-est : représentation de 2 blasons surmontées d'une couronne (à gauche celui de Montplacé et celui de droite est inconnu) . -Face sud-ouest : représentation de 2 blasons surmontées d'une couronne (à gauche celui de Le Jeune et à droite celui de Montplacé). -Face sud : éffigie d'un saint. -Face sud-est : éffigie d'un autre saint. -Bas de la robe : 5 filets. -Panse : 2 filets |
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La Cloche 3
Nom de Baptême : "Marie-Anne-Françoise-Thérèse", Fondue en 1923 par Georges et Louis. BOLLÉE à Saint-Jean-de-Braye (45), Note et Octave : Sol#3, Poids fourni: 401 kg, Diamètre: ??? mm.
Inscriptions | Décors |
- + L'AN DE GRACE 1923 , J'AI ETE BENITE PAR MGR . JOSEPH RUMEAU , EVEQUE D'ANGERS , EN SA 25ME . ANNEE D'ESPISCOPAT. + MR . LE MAIRE , MM . LES - CONSEILLERS MUNICIPAUX , MM . LES CONSEILLERS PARROISSIAUX AVEC LES FIDELES ET DES BIENFAITEURS , DE LEURS DENIERS ET DE CEUX DE LA - ☛ COMMUNE ET DE LA PAROISSE M'ONT DONNEE A DIEU . + MON PARRAIN MR . LE VTE . JEAN TIMOTHEE DE BLOIS DE LA ROCHE-JACQUELIN , - CHEVR . DE LA LEGION D'HONNEUR , CROIX DE GUERRE , ET MA MARRAINE , MME MARIE BERTHE LE DANGEREUX , EPOUSE DE MR . DANIEL PREVOST LE - MOTHEUX , M'ONT NOMMEE MARIE ANNE FRANCOISE THERESE . - Sous l'effigie de Saint-Martin : ST. MARTIN PATRON DE LA PAROISSE PROTEGEZ LA - Sur la panse : G . ET L . BOLLEE FONDEURS DE CLOCHES A ORLEANS | -Anses : une feuille d'acanthe sur chacune des anses. -Haut des inscriptions : frise végétale et 1 filet. -Bas des inscriptions : 2 filets frise végétale. -Face nord-ouest : effigie d'une vierge. -Face sud-ouest : effigie de Saint-Martin. -Face nord-est : représentation d'un Sacré Cœur de Jésus. -Face sud-est : croix latine. -Bas de la robe : 2 filets, une frise végétale, 2 filets et plusieurs croix de consécration. -Panse : une série de 2 filets, inscription avec nom des fondeurs, 1 filet et un autre large filet |
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Les poids des cloches ont été fournis par la paroisse de Durtal.
Remerciements
Un grand merci à...
- La mairie déléguée de Daumeray et sa secrétaire pour l'accueil le jour de l'intervention et pour le prêt des clés de l'église Saint-Germain et de la chapelle de Doucé.
- Monsieur Jean-Luc. DAVY pour sa réponse très rapide à mes demandes d'accéder aux clochers des églises Saint-Martin et Saint-Germain ainsi que de sonneries des cloches.
- Le sacristain de l'église Saint-Martin pour être venu à notre rencontre dans le clocher, juste après la sonnerie.
- Monsieur Quentin. BOISNAY, cher ami et collègue campanographe, pour être venu avec moi à la découverte des ensembles campanaires des quatre églises de la commune nouvelle, pour son aide précieuse à l'étude des cloches, pour le prêt de son matériel et pour la mise en route des cloches 1 et 3 depuis le clocher.
- La paroisse Notre-Dame-du-Loir de Durtal (49) pour m'avoir fourni les poids des cloches.
Sources :
- Relevé photographique personnels.
- Relevé photographique de Quentin. BOISNAY.
- Sources personnels.
Article rédigé par Le Sonneur des Carillons/Découvertes Campanaires en Val de Loire - 2024.
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