"Découverte d'une dame de bronze solitaire dans un magnifique clocher restauré."
La Commune
Pour cette nouvelle découverte, nous retournons sur la commune nouvelle de Baugé-en-Anjou dans le Maine-et-Loire, à Échemiré, un village traversé par la route départementale D766 reliant les villes de Baugé et Jarzé.
Les gentilés sont les Échemiréennes et les Échemiréens et sont environ 571 à peupler la commune angevine.
Les premières traces de présence sur le territoire d'Échemiré remontent à la préhistoire par la découverte de 3 haches en pierre et d'un site mégalithique dit de "La Pierre du Coq". Mais Échemiré trouve son origine dans la villa Gallo-Romaine dite Scameriacum devenue fief au IXe siècle. L'endroit était à cette époque situé entre des vallées fertiles, il y avait également la présence de ruisseaux et de plateaux boisés.
Vers 862, les moines de Glanfeuil fuient les Vikings et emportent avec eux les reliques de Saint-Maur. Ils s'arrêtent quelques jours à Échemiré avant de continuer leur voyage vers le pays de Séez.
Avant le XIe siècle, la paroisse s'est constituée autour d'un château fortifié.
Plusieurs bâtiments se sont construits au fil des siècles, ce qui fait d'Échemiré une commune riche en patrimoine, en voici certains : l'église Saint-Martin, le château du Haut-Mincé avec sa chapelle dont la cloche fondue en 1738 par Pierre Trony dit Labry, maitre fondeur à Angers et baptisée sous l'invocation de Sainte-Barbe. En 1793, cette cloche sera volée par les Chouans et sera retrouvée étrangement en 1794 à Trémentines dans le Maine-et-Loire, pour en savoir plus sur son histoire racontée par Julien. DAÏFFI, cliquez ici. D'autres monuments sont présents sur la commune comme plusieurs moulins des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, le presbytère aussi des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, la chapelle Notre-Dame des XVIIe et XVIIIe siècles, le lavoir et les châteaux de la Grifferaie et de la Roussière bâtis au XIXe siècle.
L'église Saint-Martin
Selon Célestin Port, le château qui constituait la paroisse et enveloppait l'église sera détruit à une date inconnue et remplacé par un manoir au XVIe siècle. Rainaud, fils de Gédéon d’Échemiré, devenu religieux à l’abbaye Saint-Julien de Tours, apporta comme bien l’église d’Échemiré à l’abbaye vers 1081-1090. Des bénédictins installèrent alors un prieuré à Saint-Bibien, celui-ci existait encore à la fin du XVIIIe siècle. La paroisse relevait du diocèse d'Angers.
Placée au centre du bourg, l'église Saint-Martin d'Échemiré est construite en adoptant le plan de croix latine et est orientée dans le sens est-ouest. Les parties les plus anciennes remontent au XIIe siècle, il s'agit du chevet, du transept et du clocher.
Le transept de style roman offre des voûtes néo-gothiques, les 2 bras sont équipés chacun d'une absidiole en cul de four tourné vers l'est et percée d'une baie avec un arc en plein cintre, celle de l'absidiole nord a conservé son aspect primitif. Cette dernière est construite en moellons, cette pierre est d'ailleurs utilisée pour les bases des murs de l'édifice. À l'intérieur, la croisée du transept est couverte par une coupole dissimulée par une voûte néo-gothique édifiée lors de travaux réalisés en 1864 et menés par Heulin. Une tourelle octogonale est construite à l'ouest du bras nord.
Le chœur possède une abside semi-circulaire avec une voûte en cul de four, sa toiture fut modifiée pour y ajouter 2 lucarnes, elle est épaulée par 2 contreforts et percée par 3 baies en plein cintre. Des modillons ornent toutes ces parties.
Le clocher carré de style roman repose à la croisée du transept, il est soutenu par 4 séries de 3 contreforts et est percé de baies géminées. Des colonnettes délimitent chacune des ouvertures. En 1920, la foudre s'abat sur la haute flèche et la détruit, elle ne sera jamais reconstruite, mais remplacée par une toiture pyramidale, à son sommet culmine une croix en fer forgé et son coq.
Au XVIIe siècle, on fit modifier et surélever les parties orientales pour être en accord avec la nef.
La nef fut reprise à ce moment et un nouveau lambris de voûte fut installé en 1705. Après la Révolution, l'église restera à l'abandon pendant plusieurs années et le mobilier disparaîtra. En 1864, l'architecte venu d'Angers, monsieur Heulin procédera à la restauration, à l'agrandissement de la nef et à la reconstruction du mur sud et de la façade. Les travaux s'achèveront au mois d'octobre de cette même année.
De 2012 à 2015, le transept, le chœur et le clocher subiront une grande restauration, remplacement de pierres, nouvelles toitures, enlevage de crépis et plus encore.
L'église d'Échemiré est vraiment un splendide édifice à découvrir si vous êtes de passage à Baugé.
Afin d'aller étudier la sonnerie, il faut se rendre dans le bras nord du transept. En franchissant une large porte, on pénètre dans la tourelle octogonale. Un escalier à vis nous emmène dans les combles du bras nord où on croise l'ancien battant. Continuons notre chemin par un petit escalier accédant dans le clocher. Il nous reste une échelle en inox à gravir pour accéder au niveau de la toiture et on y découvre enfin la dame de bronze.
La Cloche
Nous allons enfin aborder le sujet principal de cet article, la sonnerie, dans le clocher d'Échemiré, une cloche solitaire rythme le quotidien des habitants de la commune. Avant d'entrer dans les détails, attardons-nous sur le beffroi. Celui-ci est constitué de poutres en bois. Au premier abord, on pourrait penser qu'il serait installé au niveau de la partie en pierre de la tour, et pourtant ce n'est pas le cas, on le retrouve dans la charpente de la pyramide ! Divisé en 2 travées, il nous laisserait penser qu'il hébergeait autrefois 2 cloches.
De l'ancienne sonnerie, il ne reste malheureusement rien. Les anciennes cloches ont probablement été emportées vers 1793 à Saumur pour être fondues en pièces de monnaie ou en canons.
Au milieu du XIXe siècle, le conseil de fabrique d'Échemiré fit appel à la fonderie angevine de GUILLAUME-BESSON pour la commande d'une cloche. Nous n'avons que très peu de documents sur l'histoire et l'identité de cette fonderie ! On sait que l'entreprise s'était installée rue Plantagenêt à Angers, elle fabriquera énormément de cloches pour le pays, comme le grand bourdon de la cathédrale d'Angers en association avec le fondeur FABRY, plus grande cloche du département, les anciennes cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris, 2 cloches pour l'église de Jarzé et plus encore. À partir des années 1868/1870, l'entreprise ne portera plus que le nom de Guillaume. Son activité cessera vers 1882/1883.
Revenons à Échemiré, c'est à la suite de la commande qu'une cloche fut fondue en l'an 1852 et bénite par monsieur PAGERIE, curé de la paroisse. Elle fut nommée "Étienne-Adélaïde" par son parrain du nom d'Étienne-Pierre-Jacques. LEGRIS et sa marraine madame Adélaïde-Renée. LEGRIS. Donnant la note mi à la troisième octave, cette cloche pèse environ 781 kg pour un diamètre de 1113 mm.
Découvrez-la dans le reportage vidéo et dans l'inventaire ci-dessous.
Le Reportage
La Cloche
Nom de Baptême : "Étienne-Adélaïde", Fondue en 1852 par GUILLAUME-BESSON à Angers (49), Note et Octave : Mi3, Poids: ~781 kg, Diamètre: 1113 mm.
Inscriptions | Décors |
- (décor) FONDUE L'AN 1852 AVEC LES DONS DES HABITANTS D'ECHEMIRE REUNIS AUX RESSOURCES DE LA - (décor) FABRIQUE J'AI ETE NOMMEE ETIENNE-ADELAIDE PAR MR ETIENNE-PIERRE-JACQUES-LE GRIS - (décor) MAIRE MON PARRAIN ET MME D'ANDIGNE NEE ADELAIDE-RENEE-LE GRIS, MA MARRAINE ; MR R . PAGERIE - (décor) ETANT CURE MR T . R . GENDRON PRESIDENT DU CONSEIL DE FABRIQUE ET MR J . VIVIEN TRESORIER - FONDERIE DE GUILLAUME-BESSON A ANGERS | -Anses : simple. -Cerveau : 1 filet. -Haut de la robe. : 1 filet puis 1 filet en chaque lignes d'inscriptions. -Bas des Inscrpt. : 2 filet. -Face Sud : représentation d'une croix simple gravée en négatif. -Bas de la Robe : 2 filets, puis inscription du fondeur (face sud) et 2 filets. -Panse : 2 filets. |
L'ancienne horloge de Gourdin faite à Mayet (72).
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Le poids de la clochea été calculé via le diamètre et l'épaisseur avec une marge d'erreur de 3%.
Un immense Merci à...
- La mairie déléguée d'Échemiré.
- Monsieur Jérôme. PINSON, maire délégué de la commune pour son chaleureux accueil à la mairie et à l'église, pour les autorisations d'accéder au clocher de l'église Saint-Martin et de mise en volée de la cloche pour la réalisation du reportage vidéo.
- Madame Lise. DUNOIS, 12ème adjointe de Baugé-en-Anjou pour son accompagnement au clocher de l'église.
- Monsieur Ludovic. MOREAU, conseiller délégué également pour son accompagnement au clocher de l'église.
- Madame Yvann. RAULT, agent de proximité à la mairie déléguée d'Échemiré.
Sources :
- Relevé photographique personnels.
- Sources personnels.
Article rédigé par Le Sonneur des Carillons/Découvertes Campanaire en Val de Loire - 2024.
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